Choisir son statut de consultant c’est souvent l’étape qui transforme l’euphorie du lancement en migraine administrative.
Vous avez l’expertise, vous avez peut-être même vos premiers prospects, mais une question vous paralyse : sous quel statut juridique dois-je exercer ?
En France, le choix du statut de consultant n’est pas une simple formalité administrative (comme cocher une case). C’est un choix stratégique majeur qui va impacter :
- Votre revenu net final (ce qui atterrit vraiment dans votre poche).
- Votre protection sociale (santé, retraite, prévoyance).
- La protection de votre patrimoine personnel.
- Votre crédibilité face à vos clients.
Il n’existe pas de “meilleur statut” dans l’absolu. Il existe un statut adapté à votre situation, à votre âge, et à vos ambitions de chiffre d’affaires.
Entre la simplicité du Portage Salarial, la flexibilité de la SASU ou l’optimisation de l’EURL, ce guide complet (et garanti sans jargon incompréhensible) vous aide à trancher pour démarrer votre activité de consultant expert sur des bases solides.
Table des matières
La Micro-Entreprise : La fausse bonne idée pour l’expert ?
Commençons par évacuer le sujet de la micro-entreprise (ex-auto-entrepreneur). C’est le statut le plus populaire en France, mais est-il adapté à un consultant de haut niveau ?
Le principe
C’est une entreprise individuelle avec un régime ultra-simplifié. Vous payez vos charges sociales (environ 21-22%) directement sur votre Chiffre d’Affaires (CA) encaissé. Pas de bilan comptable, pas de statuts.
Pourquoi c’est tentant
- Simplicité : Se crée en 10 minutes en ligne.
- Coût : Zéro frais de structure si vous ne facturez rien.
Pourquoi c’est (souvent) un piège pour l’expert
Le problème majeur réside dans le plafond de chiffre d’affaires. En prestation de service, vous êtes limité à 77 700 € par an.
Si vous êtes un consultant expérimenté, votre Taux Journalier (TJM) devrait se situer entre 600€ et 1200€.
Calcul rapide : À 800€/jour, vous atteignez le plafond en seulement 97 jours de travail.
De plus, en micro-entreprise, vous ne pouvez déduire aucune charge. Vos déplacements, votre ordinateur, vos abonnements logiciels, vos repas d’affaires : tout sort de votre poche “net”, sans réduire votre base imposable.
Verdict : Idéal pour tester une activité secondaire ou une petite mission ponctuelle. Mais pour une véritable reconversion de cadre à consultant, ce statut devient très vite un corset trop serré.
La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) : La voie royale
C’est, de loin, la forme juridique préférée des cadres qui deviennent consultants indépendants. La SASU est la version “solo” de la SAS.
Le statut social : Assimilé Salarié
C’est sa grande force. En tant que Président de votre SASU, vous êtes “assimilé salarié”.
- Ce que ça change : Vous cotisez au Régime Général de la Sécurité Sociale (comme quand vous étiez salarié), sauf pour le chômage. Vous bénéficiez d’une excellente protection sociale et d’une retraite solide (les cadres y sont sensibles).
- Le prix à payer : Les charges sociales sont élevées. Comptez environ 75% à 80% de charges sur le salaire net que vous vous versez. (Pour 1000€ net dans votre poche, la société débourse 1800€).
L’arbitrage Salaire vs Dividendes
C’est ici que la magie de la SASU opère. Vous avez le choix de votre rémunération :
- Le Salaire : Fortement taxé, mais offre une protection sociale.
- Les Dividendes : Si votre société fait des bénéfices (soumis à l’Impôt sur les Sociétés – IS), vous pouvez vous les verser en fin d’année. Ces dividendes ne sont pas soumis aux charges sociales classiques mais à la Flat Tax (30%).
La stratégie classique du consultant en SASU :
Se verser un salaire minimum pour valider ses trimestres de retraite et bénéficier de la couverture sociale, et sortir le reste des bénéfices en dividendes pour optimiser la fiscalité.
Le maintien des allocations chômage (ARE)
C’est l’argument n°1. Si vous quittez votre emploi (Rupture Conventionnelle ou PSE) et touchez le chômage, la SASU permet de ne pas se verser de salaire (vous vivez sur vos ARE) tout en facturant avec la société. La trésorerie s’accumule dans la société pour plus tard, ou pour l’investissement.
L’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) : L’optimisation coût/revenu
L’EURL est la version “solo” de la SARL. Elle est souvent boudée car jugée “vieillotte”, mais elle est mathématiquement imbattable pour maximiser le revenu net immédiat.
Le statut social : TNS (Travailleur Non Salarié)
En EURL, vous dépendez de la Sécurité Sociale des Indépendants (ex-RSI).
- Ce que ça change : La protection sociale est un peu moins bonne que celle du salarié (notamment sur la retraite complémentaire et les indemnités journalières), bien que cela se soit beaucoup amélioré.
- L’avantage : Les charges sociales sont beaucoup plus faibles : environ 45% du revenu net (contre 80% en SASU).
Pour qui est-ce fait ?
L’EURL est idéale pour le consultant qui veut maximiser son revenu mensuel immédiat.
Si vous voulez vous verser 5000€ net par mois, cela coûtera beaucoup moins cher à votre entreprise en EURL qu’en SASU.
Attention aux dividendes : Contrairement à la SASU, les dividendes en EURL sont assujettis aux charges sociales (sauf une part minime). L’EURL est donc faite pour se verser du salaire (appelé “rémunération de gérance”), pas des dividendes.
Le Portage Salarial : La sécurité avant tout
Pour beaucoup de profils 50+, le saut vers la création d’entreprise fait peur. La gestion administrative, la TVA, le bilan comptable… Le Portage Salarial est la solution “hybride”.
Le fonctionnement
C’est une relation tripartite :
- Vous (le consultant expert) : Vous trouvez la mission et négociez le prix.
- Le Client : Il signe le contrat avec la société de portage.
- La Société de Portage : Elle facture le client, prélève des frais de gestion (5% à 10%), paie les charges patronales et salariales, et vous verse un salaire net.
Les avantages massifs
- Zéro paperasse : Vous n’avez pas d’entreprise à créer, pas de compte pro, pas de comptable.
- Statut Salarié : Vous avez un vrai bulletin de paie, vous cotisez au chômage, à la retraite des cadres, à la prévoyance. C’est le statut le plus “safe” pour valider ses derniers trimestres de retraite.
- Crédibilité bancaire : Essayer de faire un emprunt immobilier avec une SASU de moins de 3 ans est un enfer. Avec des fiches de paie en portage, c’est possible.
Le coût
La sécurité a un prix. Entre les frais de gestion et les charges salariales/patronales complètes, vous récupérez environ 48% à 52% de votre facturation HT en salaire net avant impôt.
Exemple : Vous facturez 10 000€. Vous recevez environ 5 000€ net.
Tableau Comparatif Synthétique
Pour visualiser les différences en un coup d’œil, et pour aider à choisir son statut de consultant voici le match des statuts :
Critère | SASU | EURL | Portage Salarial |
Statut Social | Assimilé Salarié (Régime Général) | TNS (Sécu Indépendants) | Salarié (Régime Général) |
Charges Sociales | Élevées (~80% du net) | Modérées (~45% du net) | Élevées (Charges + Frais gestion) |
Gestion Admin. | Lourde (Comptable obligatoire) | Lourde (Comptable obligatoire) | Nulle (Gérée par la société) |
Protection Chômage | Non (sauf assurance privée chère) | Non | OUI (Vous cotisez et êtes couvert) |
Retraite | Bonne (Similaire cadres) | Moyenne (À compléter) | Excellente (Identique salariés) |
Optimisation Fiscale | Excellente (Dividendes Flat Tax) | Faible (Tout en rémunération) | Faible (Salarié classique) |
Profil Type | L’investisseur / Bénéficiaire ARE | Le chercheur de revenu immédiat | Le prudent / Senior en fin de carrière |
Les Scénarios Stratégiques : Lequel êtes-vous ?
Au-delà de la technique, le choix dépend de votre situation de vie. Voici 3 cas typiques de nos consultants experts :
Scénario A : “Le Sécurisé en Transition” (SASU)
Situation : Vous avez 52 ans, vous venez de négocier une rupture conventionnelle et vous avez 2 ans de chômage devant vous.
Stratégie : Créez une SASU. Ne vous versez pas de salaire. Vivez avec vos allocations Pôle Emploi (France Travail).
Avantage : Votre société encaisse le CA. Vous payez très peu d’impôts et charges (puisque pas de salaire). À la fin de vos droits chômage, vous aurez une trésorerie énorme dans la société pour vous verser des dividendes ou investir.
Scénario B : “L’Optimisateur de Cash” (EURL)
Situation : Vous n’avez pas le droit au chômage, vous avez besoin d’un revenu net élevé tout de suite pour payer le crédit de la maison et les études des enfants.
Stratégie : Créez une EURL.
Avantage : À chiffre d’affaires égal, c’est le statut qui laisse le plus d’argent net dans votre poche à la fin du mois grâce aux charges sociales allégées. Vous compensez la moindre protection sociale par des assurances privées (Loi Madelin).
Scénario C : “Le Senior Prudent” (Portage Salarial)
Situation : Vous avez 58 ans. Il vous manque 12 trimestres pour la retraite à taux plein. Vous ne voulez pas vous embêter avec l’URSSAF.
Stratégie : Optez pour le Portage Salarial.
Avantage : Vous cotisez sur des bases élevées pour votre retraite. Vous ne prenez aucun risque de gestion. Si l’activité s’arrête, vous retrouvez vos droits au chômage. C’est le confort absolu.
Peut-on changer de statut en cours de route ?
Oui, mais c’est coûteux et complexe.
Transformer une EURL en SASU (ou l’inverse) nécessite l’intervention d’un commissaire aux comptes et des modifications statutaires.
En revanche, passer du Portage Salarial à la création de société est très simple : il suffit d’arrêter votre contrat de portage une fois que vous avez validé votre marché et que vous vous sentez prêt à “voler de vos propres ailes”.
Notre conseil d’expert : Si vous hésitez, commencez par une mission en Portage Salarial pour tester votre offre et votre capacité à facturer. Une fois que vous avez sécurisé 6 mois de visibilité, créez votre SASU ou EURL pour optimiser vos gains.
Conclusion : Ne laissez pas l’admin tuer votre projet
Le choix du statut juridique de consultant est important, mais ce n’est pas une fin en soi. Ne passez pas 6 mois à analyser les statuts en repoussant le moment de chercher des clients.
Un bon statut avec zéro client ne rapporte rien. Un “mauvais” statut avec beaucoup de clients reste un problème de riche.
Retenez ceci :
- Vous voulez la sécurité et la simplicité ? -> Portage Salarial.
- Vous avez le chômage et voulez capitaliser ? -> SASU.
- Vous voulez maximiser votre revenu net immédiat ? -> EURL.
Vous hésitez encore ? Le meilleur moyen de décider est souvent de faire une simulation chiffrée précise. Dans notre prochain module d’auto-évaluation, nous vous aiderons à identifier le profil qui correspond à votre situation personnelle.
En attendant, concentrez-vous sur ce qui compte vraiment : votre expertise et vos futurs clients.
Vous réfléchissez à être accompagné dans votre transformation numérique ?
N’hésitez pas à nous contacter, nous serions ravis de discuter ensemble des différentes façons dont l’expertise de notre consultant pourrait vous aider dans votre transformation numérique.

